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Etymologically, translation is the carrying over, or beyond. The verb implies a subject and an object, and the preposition implies space: a start point, an end point and what lies between (beyond) start and end. A topography. And it implies an interaction (intersection) between several entities that, if not genuinely distinct, become so for the purposes of translation.

D’un point de vue étymologique, la traduction est l’acte de porter d’un côté à un autre, ou au-delà. Le verbe implique un sujet et un objet, et les prépositions un espace : un point de départ, un point de fin et ce qui se trouve entre (ou au-delà ?) départ et fin. Une topographie. De plus, il implique une relation (un croisement) entre plusieurs entités qui, alors qu’elles ne sont pas tout à fait distinctes, le deviennent pour les fins d’une traduction.
Etymologically, translation is the carrying over, or beyond. The verb implies a subject and an object, and the preposition implies space: a start point, an end point and what lies between (beyond) start and end. A topography. And it implies an interaction (intersection) between several entities that, if not genuinely distinct, become so for the purposes of translation.
We assume that the translator (subject) carries the meaning (object) across a language.
The paradox is that subject and object cannot be dissociated. As a translator, what I bear, and also what I traverse, may be no more, and no less, than my own consciousness (in the way (a) life is its own subject, object, start, end and interval.) Meaning is not distinct from the translator; it does not exist without the translator’s reading. The meaning of the starting or source text is only partially found in the signs and their arrangements. The reader, in this case the translator, must complete the meaning. Their subjectivity is what makes the textual object speak. Language grasped—through reading or conversing—goes beyond subject and object, even as language in the abstract establishes a grammar of separation around the verb.
In the first step of translation, the subject reads the object-text, and a third, composite, time-dependent entity arises: Meaning.
What if it were Meaning that translated us[AF1]?
This endeavor on our part to move Meaning through space while leaving the starting point intact, might reveal a Will to expand. Our minds are perfect vehicles for Meaning in that they invent further vehicles to open paths and invent new places where Meaning can augment.
Between most languages, the extensive back and forth—through translation and inter-language learning and mutual influence—has built bridges and brought about considerable distance, proximity, and overlap. Where do these connections exist? In the minds of translators, linking each word, and each group of words to their correspondent(s). The translator, then, may not carry anything other than their own mind, instead acting as a complex system of conduits, reinforced by constant passage. The target text, then, represents the linkages within the translator’s mind as much as it does the source text.
As long as a text remains conventional, i.e. a variation on other texts (which most texts are, across various disciplines and purposes), then translation can use a pre-established system of linkages. Hence, it can be optimized. (This is where money can be made, i.e. where the closest thing to Meaning is a variation on the same theme.)
But when a text begins to speak authentically, the process of translation becomes one of exploring previously unsuspected overlaps and proximities, then imagining and building novel links. (This is where the unexpected might unfold, i.e. where Meaning might expand.)
Creative translation may be considered to give the very personal act of reading a tangible form. The translator may be said to read through writing (and to write through reading). Usually a key constraint is the verifiability by one other language. In addition, the singular target text is subordinate to the singular source text and written after it in time.
But what if we were to return to etymology?
That is, translation as carrying across or beyond. This could involve just one text, moved around time or space. Or more than two texts, for example juxtaposed, so that the context might employ the translator to generate one or more target texts. Translation could remain within one language (requiring special definition of what is crossed over), or traverse several.
Might two texts separated by time be linked by translation, without a discrete translator? That is, can time, or the intervening history, be said to translate? In this case, each text could be both source and target. A related possibility is to put the target text on a level with the source text, meaning that the source text could be changed. For example, what would be left of a source text (if anything) if all the Meaning translated was actually removed? A negative of translatability.
New constraints could also be imposed, for example to explore the distance in time or space between start and end. For example, what if the translator had to read the entire text once, and only once, before carrying out the translation?
Perhaps every text is a translation. It either has the potential for translation, or it translates another text, or texts, sometimes without this being recognized.
Perhaps we translate each other whenever we come together around language, i.e. whenever Meaning oscillates between us.
Perhaps our minds translate what time measures, from the past, through the present and into the future. And why not in the other direction(s)?[AF2]
If the definition of translation is broadened, it becomes a means for the exchange of Meaning. Perhaps an economy could be based on this…
[AF1]In this case, are we carried by Meaning.
[AF2]How can you justify having such a loose definition of translation? Everything, every interaction cannot be translation. How does translation differ then from transformation? Because it multiplies, the source is still there. You need to be careful about definitions for applying translation to other areas. You can break rules when it comes to textual experiments. Experimental translation.
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D’un point de vue étymologique, la traduction est l’acte de porter d’un côté à un autre, ou au-delà. Le verbe implique un sujet et un objet, et les prépositions un espace : un point de départ, un point de fin et ce qui se trouve entre (ou au-delà ?) départ et fin. Une topographie. De plus, il implique une relation (un croisement) entre plusieurs entités qui, alors qu’elles ne sont pas tout à fait distinctes, le deviennent pour les fins d’une traduction.
Nous supposons que la traductrice (le sujet) porte le sens (objet) à travers une langue.
Le paradoxe c’est que le sujet et l’objet ne peuvent être dissociés. Comme traductrice, ce que je soutiens, et aussi ce que je traverse, ne serait ni plus ni moins que ma propre conscience (de la même façon qu’une (la) vie est à la fois son propre sujet, objet, début, fin et intervalle). Le sens ne peut être distingué de la traductrice ; il n’existe pas sans la lecture de la traductrice. Le sens d’un texte de départ ou le texte source n’est que partiellement présent dans les signes et les agencements. La lectrice, dans ce cas la traductrice, doit compléter le sens. C’est sa subjectivité qui fait parler l’objet textuel. La langue appréhendée – à travers la lecture ou la discussion – va au-delà du sujet-objet, bien que la langue dans l’abstrait établisse une grammaire qui crée une séparation autour du verbe.
Dans la première étape de la traduction, le sujet lit le texte-objet, donnant lieu à une troisième entité composite, conditionné par le temps : le Sens.
Et si c’était le Sens qui nous traduit ?[AF1]
Notre effort de déplacer le Sens à travers l’espace tout en gardant notre point de départ, pourrait révéler une Volonté de s’élargir. Notre esprit est un véhicule parfait du Sens dans la mesure où il invente des véhicules en plus pour ouvrir de nouveaux sites pour l’augmentation du Sens.
Entre la plupart des langues, le va et vient étendu – à travers la traduction, l’inter-apprentissage et l’influence réciproque des langues – a construit des ponts et a créé une proximité et un chevauchement considérables. Où donc ces liens existent-ils? Dans l’esprit des traductrices, où chaque mot, chaque groupe de mots se lie à ce qui lui correspond. Auquel cas la traductrice ne pourrait rien porter qui ne soit indépendant de son propre esprit, en fonctionnant comme un système complexe de conduits, renforcé par le va et vient constant. Le texte cible représente alors autant des liens chez la traductrice qu’il ne le fasse avec le texte source.
Tant que le texte reste conventionnel, c’est à dire une variation d’autres textes (et la plupart le sont, à travers différents domaines et pour différentes fins), la traduction peut alors se servir d’un système préétabli de liens. D’où la possibilité d’être optimisé. (Et devenir un produit, vu que le Sens est seulement abordé en forme de variations sur le même thème.)
Mais lorsqu’un texte commence à parler en toute authenticité, le processus de la traduction devient une exploration des proximités, des distances et des chevauchements jusqu’à là insoupçonnés, puis une ré-imagination et une construction originelle des liens. (C’est bien ici où l’inattendu pourrait prendre forme, c’est à dire une émergence du Sens.)
La traduction créative au sens propre du terme pourrait être comprise comme rendant tangible l’acte très personnel de la lectrice. On pourrait considérer que la traductrice lit à travers l’écriture (et écrit à travers la lecture). Normalement une contrainte clé est la vérifiabilité par une autre langue. D’ailleurs, un seul texte cible dépend normalement d’un seul texte source et s’écrit ultérieurement.
Mais si l’on revenait à l’étymologie ?
C’est à dire, la traduction comme un acte de porter à travers ou au-delà. Il pourrait s’agir d’un seul texte, déplacé dans le temps ou dans l’espace. Ou plus de deux textes, par exemple juxtaposés, afin que le contexte se serve de la traductrice pour générer un ou plusieurs textes cibles. La traduction pourrait se limiter à une langue (ce qui nécessiterait une définition de ce qui est traversé) ou se déplacer à travers plusieurs.
Serait-il possible de lier deux textes séparés dans le temps par le processus de traduction, sans traductrice ? En d’autres termes, est-ce que le temps lui-même, ou l’histoire survenue, pourrait effectuer une traduction ? Dans ce cas, chaque texte pourrait être la source et la cible à la fois. Une possibilité associée est de considérer le texte cible sur le même plan que le texte source, d’où la possibilité de modifier (aussi) le texte source. Par exemple, qu’est-ce qui resterait d’un texte source si tout le Sens traduit en était véritablement extrait ? Ou plutôt, en resterait-il quelque chose ? Un négatif de la traductibilité.
De nouvelles contraintes pourraient s’imposer, par exemple d’explorer la distance en temps ou en espace entre début et fin. Par exemple, que se passerait-il si la traductrice devait lire le texte entier une fois, et seulement une fois, avant d’effectuer la traduction ?
Peut-être que chaque texte est une traduction. Soit il a le potentiel d’être traduit soit il traduit un autre texte ou textes, parfois sans que cela soit reconnu.
Peut-être que nous nous traduisons l’un l’autre à chaque fois que l’on se retrouve autour de la langue, c’est à dire chaque fois que le Sens oscille entre nous.
Peut-être que notre esprit traduit ce que le temps mesure du passé à travers le présent et vers l’avenir. Et pourquoi pas dans l’autre sens/Sens?[AF2]
Si l’on élargit la définition de la traduction, elle devient un moyen pour l’échange du Sens. Peut-être que c’est le fondement d’une nouvelle économie…
[AF1]Dans ce cas, nous sommes portés par le Sens.
[AF2]Comment peux-tu justifier une définition si vaste de la traduction ? Tout, toute relation ne peut pas être de la traduction, car cela reviendrait à dire que ne rien ne l’est. En quoi est-ce que la traduction diffère de la transformation ? La traduction multiple, le texte source est toujours là. Il faut faire attention avec les définitions par lesquelles tu étends la traduction à d’autres domaines. Tu peux enfreindre les règles quand il s’agit des expérimentes textuelles. De la traduction expérimentale.